
Invité spécial du Congrès Panafricain des Jeunes pour un Réveil Patriotique au Congo (30 juin au 2 juillet), le Dr Kemi Seba a gardé Haïti au cœur des débats pour la libération des peuples noirs.
Des personnalités panafricanistes telles que Nkosi Mandela, député et petit-fils de Nelson Mandela ; Dr Umar Johnson des États-Unis ; Mfumu Nkusu, artiste congolais et chef spirituel ; et Christian Nsung, activiste panafricaniste camerounais, ont également participé au Congrès autour du thème « Pères fondateurs, état des lieux et perspectives ».
« Il y a juste une partie qui a été, à mon sens, oubliée et que l’on doit rappeler. Le panafricanisme est né à Haïti, sur un territoire où des esclaves déportés du Congo, du Bénin, du Sénégal et de différentes parties d’Afrique se sont réunis », a rappelé le Dr Seba au début de son intervention.
« C’est ça la genèse du panafricanisme. Quand l’homme noir et la femme noire pensent qu’ils doivent se lever contre son semblable et faire la guerre à son semblable, en pensant que son profit individuel est plus important que le profit collectif, c’est la disparition de notre peuple qui arrive à l’horizon », a-t-il ajouté, sous les applaudissements nourris du public.
En juin dernier, le Dr Kemi Seba s’est rendu en Haïti à l’occasion des dix ans de son ONG Urgences Panafricanistes (URPANAF), qui milite notamment pour la souveraineté et la justice sociale. Lors de son passage, il a suscité de vives réactions, partagées entre soutien et critiques, après avoir proposé de dialoguer avec les gangs pour restaurer la paix et la stabilité sociopolitique qui font défaut à Haïti depuis des années.
« Il faut que le peuple puisse se reparler. Il faut que les gangs cessent d’attaquer leurs semblables. Le peuple et les groupes armés doivent comprendre que l’ennemi n’est pas en notre sein, il est à l’extérieur », a affirmé le Dr Seba lors d’une conférence de presse au Cap-Haïtien le 29 mai dernier, avant de proposer une forme d’union entre les chefs armés et le peuple haïtien dans le cadre d’une révolution.
Pour certains, comme le coordonnateur actuel du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), M. Fritz Jean, il n’est pas question de dialoguer avec des groupes armés qui terrorisent la population depuis plus d’un an et contrôlent plus de 80 % du territoire de la capitale, face à l’impuissance croissante de l’État.
Pour d’autres, comme Guy Philippe, ancien sénateur incarcéré aux États-Unis et récemment revenu en Haïti, le dialogue a toujours été la solution qu’il prônait dès son retour.
Face aux polémiques, le Dr Seba a dû clarifier son message dans une vidéo publiée sur Facebook deux semaines après avoir quitté Haïti. Dans cette vidéo, il précise que les gangs qui ont commis des exactions devraient notamment déposer les armes et demander pardon à la population, qui devra juger les fauteurs de troubles. Il y annonce également qu’il sera de retour en Haïti au mois de septembre. Conseiller du Général Abdourahamane Tiani du Niger et membre de l’Association des États du Sahel (AES) aux côtés du Capitaine Ibrahim Traoré, le Dr Seba manifeste un intérêt particulier pour Haïti, sans que ses intentions soient entièrement explicitées.
Les autres jours du Congrès ont abordé les thèmes « Autopsie de 30 ans d’agression rwandaise » et « L’Afrique divisée : appel au sursaut panafricain ».